Kevin Prost – Moustiques

J’me planque plus sous les draps

Je n’achète plus de Baygon

Je refuse d’être une proie

Dans ma propre maison

 

C’est fini d’me soumettre

J’ai jeté la moustiquaire

La nuit j’laisse les fenêtres

Et les volets ouverts

 

Du coup il s’pointe avec

Son bruitage de mytho 

Comme s’il voulait me faire croire

Qu’il venait en moto 

 

Dans la moiteur d’l’été

Il s’approche de mon pieu

Puis se pose sur mon pied

Pour y planter son pieu

 

Un pompage de sang

En mode EFS

A en devenir rouge

En mode ESF

 

Il boit ça comme de l’eau

Mais c’est de l’O négatif

J’imagine à quel point

Ca doit être bourratif

 

Après il s’pose pas loin

Con pour lui car bientôt

J’me réveille en me grattant

Comme un ticket de Banco

 

J’allume, je me lève

Posé sur le papier peint

J’apercois sa silhouette

Donc j’attrape un bouquin

 

Couverture en avant

Je m’approche, il bouge pas

Il s’dit probablement

Qu’j’suis témoin de Jéhovah

 

J’adopte la position

Du renard tibétain

Ma copine ouvre les yeux

« Rendors toi, tout va bien »

 

Il est trois heures du mat

Le mur vient de trembler

J’ai réveillé ma force

Et mes voisins de palier

 

Par un direct du droit

Avec un renaudot

J’me sens moitié Bruce lee

Moitié Bernard Pivot

 

Lui, ne s’envolera plus

J’lai cloué au tarmac

Je soutiens l’OMS

En même temps que la fnac

 

Et je laisse son corps sécher

Avec ceux de ses copains

Y’a plein d’moustiques crevés

Sur tout mon papier peint

 

Tapisserie génocide

J’reconnais que c’est spécial

Stéphane Plazza dirait

Qu’c’est surtout invendable

 

Mais l’avis de Stéphane

Est pour moi dérisoire

Je tiens à ce que ma chambre

Reste mon territoire

 

Alors même rituel

Chaque nuit, cet ouvrage

Qu’ils se prennent sur les ailes

445 pages

 

Les livres sont la seule arme

De mon appartement

C’est un peu ma version

Du 2eme amendement

 

Et si j’veux pas d’la guerre

Que les politiques font

J’fais la mienne en solo

A mon humble façon

 

En pétant des moustiques

Sur une ligne de front

Qui va du ventilo

Jusqu’à mon polochon

 

J’imbibe ma tapisserie

De cette putréfaction

Car je sais que mes nuits

Valent plus que ma caution