Pierre Desagre – Usine

certains passages de ce texte ont paru précédemment dans le recueil Dieu est Belge

chez Cactus Inébranlable Editions.

 

 

 

 

 

L’ouvrier s’en va aux toilettes et me dit : – Si on me cherche, je suis dans mon bureau.

 

Je sors de chez moi et je dis au cocher : – À l’usine, et fissa !

 

L’employée (en minijupe) est venue montrer ses gambettes dans l’atelier. Tout le monde reluque, même les ouvrières.

 

Le directeur lance des cacahuètes aux ouvriers éberlués. La plupart les ramassent et les mangent.

 

L’usine propre où « l’on mange ses tartines par terre » – formule récurrente, inconnue du monde extérieur. L’usine est un aquarium aux vitres translucides.

 

L’employée pleure parce que le directeur lui a demandé de perforer des fardes dans l’atelier. Elle s’imaginait rétrogradée.

 

Les dernières semaines avant la fermeture de l’usine. Le château est en feu mais les domestiques continuent d’astiquer l’argenterie imperturbablement, sinon « Monsieur le Baron ne va pas être content ». Spectacle écœurant.

 

La pointeuse ne se trouve pas dans l’atelier, c’est l’atelier qui se trouve autour de la pointeuse, dont elle est le centre névralgique.

 

Sous les cocotiers, l’usine.

 

Un voyeur fou regardant par le trou de la serrure de l’usine désaffectée.