Laurent Bouisset – Les zozos « monadologiques du saule, ipsisme » (du cipM et d’ailleurs)

le café sans café

Slavoj Žižek en parle beaucoup

Alain Badiou quant à lui parle

de l’amour sans tomber

c’est-à-dire rien

le jeu coupé de sa chandelle

et le désêtre

l’errance sans vie

le vide contemporain

pour ne pas dire : comptant-pour-rien

d’un Zapata sans son fusil…

un Zapata qui se serait rasé la moustache

mis au yoga

avant d’entamer une révolution au dentifrice

 

 

une pause, et l’on sert un vin bio très cher

mais sans alcool, suivi d’un cassoulet

ou d’une choucroute végétarienne

 

 

on continue nos vies planquées

de citoyens du Premier Monde

sans mort au bout

 

 

sans même nous dire que nos jours brûlent

et s’en vont vers la cendre,

et qu’il faut exister vraiment

pour être…

 

 

ode au monde gentrifié des beaux quartiers !

ode au monde récuré ! brossé ! lavé de l’ombre !

et longuement s’étiolant dans le formol…

 

 

mais t’étais censé parler du cipM…

 

 

j’y viens ! j’y viens ! t’inquiète !

comme un lézard ! en zigzaguant !

 

 

zigzague pas trop quand même

des fois qu’on te perdrait comme un OVNI dans le ciel du Mexique

 

 

j’ai vu un concert fascinant l’autre jour

 

 

voilà que tu changes de sujet encore !

 

 

non, c’est lié !

 

 

vas-y, raconte !

 

 

un type barbu jouait du saxo baryton

mais pas du tout comme John Coltrane

 

 

qui n’a jamais joué du saxo baryton !

 

 

je sais

je sais

mais je voulais dire autre chose…

 

 

dire quoi ? vas-y !

 

 

dire que ce bon élève musicologue

ou ce bon prof noté très bien

à l’abri de sa bonne école bien à la mode

certainement perchée

à la pointe la plus haute

de la plus haute musique contemporaine,

ben justement… ce type-là jouait pas !

 

 

comment ça, jouait pas ?

 

 

un concert sans jouer ! après le Pastis sans le jaune !

la journée sans coucher de soleil !

et la bronchite chronique arrivée sans tousser…

 

 

possible comment, un concert sans jouer ?

 

 

il avait son sax sur les lèvres quand même

il émettait de petits souffles très discrets

le tout branché sur un tas d’appareils électroniques très compliqués

et pas de mélodie du tout,

pas le début d’une note perçue…

 

 

ben quoi alors ?

 

 

du souffle… et un genre de

bourdonnement très chiant, suivi d’un

petit jeu subtil à enculer les mouches naines

sur les touches en elles-mêmes !

les touches en soi !

libérées du concept de notes !

Kant serait fou d’écouter ça !

de sentir le frôler, ce vertige-là

du concert sans concert !

des notes sans notes !

 

 

c’est-à-dire : la musique sans la musique ?

 

 

c’est ça, ou à peu près

c’est la grande mode

 

 

le boom du concert sans le jeu

 

 

sans une seule goutte de sueur ou une flamme

 

 

plutôt frustrant…

 

 

ouais, même usant !

tu pensais trouver la libération

t’en ressors plus aigri qu’après une virée à la préfecture

des étrangers où on t’a parlé comme un clebs encore, tu contiens

dans la rue l’envie de déboîter deux, trois rétros,

tu arroses de coups de latte un lampadaire au lieu de rire,

bref : t’es plus vieux, plus lourd de

dix ans, dix kilos de fureur après ça !

 

 

le cipM dans l’histoire ?

 

 

ben… c’est pareil…

 

 

comment ça, c’est pareil ?

 

 

c’est le même genre de soustraction débile appliqué à la poésie ou la critique…

 

 

le texte littéraire sans le texte ?

 

 

bien pire que ça !

 

 

le poème délesté du vers  ?

 

 

bien pire que ça !

 

 

je donne ma langue au gnou…

 

 

LA LITTÉRATURE SANS LES AUTRES !

 

 

comment ça, sans les autres ?

 

 

SANS MEME LE BESOIN SUR TES MOTS DES YEUX D’AUTRUI !

 

 

tu exagères…

 

 

je te donne un échantillon

 

 

un texte du cipM ?

 

 

exactement, un exemple de beauté

très rare et de haut-vol

éditée par ce Centre-là du Monde !

ce Centre INTERNATIONAL et RÉPUTÉ partout

de la PLUS HAUTE POÉSIE MONDIALE

de la très grande Ville de Marseille

 

 

tu me fais languir… vas-y, envoie !

 

 

ça va ! ça vient ! c’est de Jean Daive,

un Monsieur France Culture impressionnant

très bien noté (payé ?) par ce Haut Centre !

 

 

tu m’aguiches l’intellect !

 

 

dévore ! profite : «  La page se résorbe de termes qui en font le
mouvement, comme si une corporéité prise dans ses

ellipses se continuait en charge d’abstraction et en

rapport de démembrement. Le thème s’affirme,

c’est-à-dire disparaît en équivalences de concepts

affranchies de l’image, cette absence figurant tous

les événements des mots qui tourmentent la syntaxe

incluse dans son épopée. La page agit sur la langue

comme sur une chose dont l’évocation joue le

rôle de sujet captif d’un arrêt (ou d’un reflet ?) avec

alternance de disposition chorale. Il y a torsion. De

la scène ou du discours ? »

Jean Daive, Lecture de Un transitif d’Anne-Marie Albiach.

 

ouah ! ouah !

 

 

ouais ! ouais !

 

 

t’as entendu ?

t’as vu ?

t’as profité ?

 

 

j’ai voyagé même, tu peux dire…

 

 

je t’en donne, de la transe et de l’émoi, encore une fois ?

 

 

ouais, je veux bien, vas-y : balance !

 

 

Danielle Mémoire, Et ainsi de suite 

 

 

fulgurant, rien que le titre !

 

 

profite ! ça swingue : « Des objections s’adoucissent en la guise de personnages.

Pour deux parmi ceux-là, leur nom – ou, pour l’un, en effet, son nom ; pour l’autre, manière, là, plutôt, d’antonomase, et sous laquelle seule, il nous aura été donné de le connaître, son titre –, ces appellations se voient, à l’occasion d’une lecture publique en langue arabe (le lecteur, un grand poète ; loin donc s’en fallait qu’on lui dût les pages lues), respectivement translittérées fa, lam, wa, ra, wa, nun, pour la première, alif, lâm, mim, ra, kaf, ia, ‘ayn, pour la seconde.

On doit à la vérité de dire que la lecture à voix haute ne croit pas devoir maintenir le ‘ayn, c’est une sifflante, en fin de mot, que l’on entend, laquelle plaît aussi, mais moins.

On montre assez de sottise ensuite pour s’amuser à ce qui est, en somme, re-translittération.

Les personnages sont maintenus, qu’aura vu sourdre (car des personnages, par ailleurs, sourdent) un aussi ténu prétexte.

Du cadre, qu’à peine distord la distance, on soupçonne qu’il se déporte au gré des pérégrinations, selon, de l’auteur ou des auteurs. » (à suivre)

 

 

ça veut dire quoi ?

 

 

tu es trivial…

 

 

comment ça, « je suis trivial » ?

 

 

tu cherches du sens, tu es vulgaire…

 

 

ben pourquoi ça ? c’est bien de comprendre, non, tu crois pas ?

 

 

c’est juste has-been ! fini ! foutu !

 

 

de quoi ? comprendre ?

 

 

je t’ai dit : LE TEXTE SANS LES AUTRES ! LE TEXTE-BIGORNEAU BIEN BIGORNÉ DANS SA COQUILLE ! et toi, tu cherches du sens… que veux-tu que je te dise ? tu dois être terre-à-terre ! ou simplement idiot…

 

 

comme si j’allais mendier une note dans un concert de musique snob…

 

 

comme si tu réclamais de l’émotion dans un musée branché du centre-ville…

 

 

dépassé…

 

 

enfoncé…

 

 

éculé…

 

 

attardé…

 

 

il faut dire : « sourdre »

 

 

oui, c’est bien, « sourdre »

 

 

« re-translittération », pas mal non plus ?

 

 

même, je dirais : affriolant !

 

 

et la diantre de relative introduite par « que » complément d’objet ?

 

 

du plus haut ! du meilleur effet !

 

 

« Les personnages sont maintenus, qu’aura vu sourdre (car des personnages, par ailleurs, sourdent) un aussi ténu prétexte »

 

 

précieuse !

 

 

puissante, la relative !

 

 

et puis : « distord »

 

 

« corporéité »

 

 

« équivalences de concepts »

 

 

« alternance de disposition chorale »

 

 

« antonomase »

 

 

et surtout

 

 

ne pas dire

 

 

ne jamais dire

 

 

ne pas écrire : « Des objections s’adoucissent en guise de personnage. »

 

 

ce serait bas…

 

 

alors que dire : « en la guise de »

 

 

« Des objections s’adoucissent en la guise de personnage. »

 

 

le « la » change tout

 

 

le « la » rehausse

 

 

et fait que fuse immédiatement

le bas poème

des très sombres périphéries urbaines

aux Hautes Sphères !

 

 

on pourrait pour finir tenter un exercice d’application

 

 

développe un peu l’idée…

 

 

on prendrait par exemple un poème court d’un jeune poète…

 

 

par exemple de Sammy Sapin ?

 

 

très bien, Sapin !

 

 

impubliable par le cipM en l’état !

 

 

et on fait quoi ?

 

 

on le toilette !

 

 

pardon ?

 

 

on l’embourrasque et l’hermétise !

 

 

t’as pas pris tes médocs ?

 

 

on le relooke et le rend, le Sapin,

publiable, « invitable », par le cipM !

 

 

en gros, on le fait bankable de la noblesse !

 

 

tu t’emballes un chouïa,

mais c’est pas faux…

 

 

envoie le texte !

 

 

il y en a deux en fait, un vrai diptyque,

mais, avant Sammy, quelques grammes

à bouffer de Anne-James Chaton !

 

 

Anne-James qui ça ?

 

 

Anne-James Chaton ! écoute ! c’est grand ! c’est du cipM ultime, voire au-delà : « Il aura été sabordé par un canon de 12 de la troisième batterie d’un vaisseau trois-points de 90

par un canon de 12 de la seconde batterie d’un vaisseau de 50

par un canon de 12 des gaillards d’un vaisseau-rasé de 12

par un canon de 12 de la batterie d’une frégate de 12

Il aura été sabordé par un canon de 18 de la troisième batterie d’un vaisseau trois-points de 120

par un canon de 18 de la deuxième batterie d’un vaisseau trois-ponts de 98

par un canon de 18 de la troisième batterie d’un vaisseau trois-ponts de 98

par un canon de 18 de la seconde batterie d’un vaisseau de 74

par un canon de 18 de la seconde batterie d’un vaisseau de 64

par un canon de 18 de la seconde batterie d’une frégate de 18 (…) »

 

 

ouah, j’ai mal à la tête ! tu veux ma mort !

 

 

ça va, excuse ! c’est pourtant vrai que le cipM a sorti ça…

et ça dure même encore deux pages !

 

 

oui mais là, si tu veux, c’est bon ! envoie Sapin !

 

 

le voici, je le jette, écoute-le bien :

 

 

« Onan en emporte le vent

quand j’ai fini de me branler,

ma bite a ce petit air triste

qui me donne envie de lui faire un gros câlin.

 

 

Onan en emporte le vent II

 

 

ce qui est bien avec l’onanisme

c’est quand on atteint

l’universel »

 

 

trop simple…

 

 

trop cru…

 

 

trop familier…

 

 

trop désuet…

 

 

manquant de classe…

 

 

d’obscurité…

 

 

momifions ça !

 

 

engluons tout !

 

 

obstruons grave !

 

 

sortons le mastic et la glu !

 

 

le gel coiffant !

 

 

la pâte à pain !

 

 

tu veux dire : à Sapin…

 

 

fous le camp, t’es viré !

 

 

allez, vas-y !

 

 

je m’y jette, je commence :

 

 

« quand de vi mien – joyeusement / longtemps – comme de fontaine de Vaucluse

sourdit panache trublion / regardant membre (raplapla) je tremble

&

sens que distord en

moi-

même

puissant couteau rouillé de langue-colère –

moi, seul Noé, que nuit conquiert / tristesse

sens

&

besoin grand d’étreinte-

sucre

à pointe amère de gland mien chu //

………………………………………………………… /////////////

gland mien chu que si

seul je vois

(= je vois qu’il scie le voir)

mendier l’hostie

et la pitié

(dans début long (de nuit) de langue atroce) /

d’un sourcil batailleur complice

& chaleur

(sur le champ trouvée (au fond)) /

d’un pruneau de douceur tactile »

 

 

puissant !!!

 

 

merci !!!

 

 

mais le dernier vers veut dire quoi ?

 

 

« pruneau de douceur tactile » ?

 

 

ouais, c’est quoi ça ?

 

 

franchement, je m’en fous…

 

 

ah bon ? c’est bien

 

 

et le deuxième ?

 

 

je te le laisse !

 

 

ok ! j’y vais !

 

 

« ona//onan///ona

                                    ona/nan/onan/na

                  nana/onan/onana

cosmos

lu-mière

semence germe (= mens-jet)

non pour seul

je

plié

dans

l’

œuf

/////////////

univers-feu

univers-é

uni-ver-sant

vers absolu agenouillé

sous soleil-bleu

le vi en main

(la couille pleine) ///

et YouPorn sous rétine

branlons langue-mère ! »

 

 

 

ah ! grand merci !

 

 

tout de suite, Sapin va mieux !

 

 

Sapin se vend !

 

 

Sapin publie !

 

 

Sapin est là !

 

 

mais quand même il faut rajouter quelque chose…

 

 

rajouter quoi ?

 

 

Michel Foucault…

 

 

ah ! carrément !

 

 

je vais me gêner…

 

 

vas-y, je t’en prie…

 

 

Michel Foucault nous dit que le pouvoir…

 

 

tiens, tu parles de lui au présent ?

 

 

et pourquoi pas ?

 

 

enchaîne, garçon !

 

 

Michel Foucault nous dit que le pouvoir

ne se situe pas seulement au centre

ou dans l’État, mais en chacun de nous

 

 

il est tapi

 

 

il est larvé

 

 

il est venu, a pris ses aises et il agit…

 

 

le rapport avec le cipM ?

 

 

bien l’impression que ce bazar-là

n’est pas le centre, malgré son nom,

mais plutôt le dommage collatéral

d’un projet d’enfumage plus vaste…

 

 

projet, t’es sûr ?

t’as pas peur de sombrer dans le complot ?

 

 

ouais, pas projet…

processus en roue libre,

ou inertie totale…

 

 

mouvement vidé de sa raison…

 

 

c’est ça…

 

 

y’a plus d’idée… plus de visée… plus d’intention…

 

 

plus que la répétition la plus vaine d’un trouble enfoui…

 

 

et ça voudrait donc dire que le symptôme cipM

pourrait possiblement être observé ailleurs ?

 

 

exactement…

c’est pas localisé, mais plutôt

essaimé, comme trouble…

un peu comme les OGM Monsanto,

si tu veux, ils s’exportent au champ voisin…

à l’arrivée, tout finit Monsanto ! et plus d’issue…

 

 

t’aurais un exemple à donner,

de « cipM » observé ailleurs ?

 

 

m’arrive à l’instant le machin

d’un dénommé François Huglo

sur le site branché SITAUDIS

 

 

connais pas ce taudis…

 

 

c’est pas grave… tu voudrais l’entendre ?

 

 

carrément ! je suis chaud !

 

 

bien sûr de toi ? tu es certain !

 

 

je veux Huglo ! je veux Huglo !

 

 

Le voici devisant du « Grand chosier » du Grand Monsieur Albarracin : « Le nombrilisme » monadologique du « saule, ipsisme / même / de l’ici » tourne en rond, mais vertigineusement, à l’infini, et fait tourner le monde à vide, autour d’un point de fuite. Il pousse « au-delà de lui » le bouchon qui « est un baîllon, mais un baîllon de l’écarquillé, comme si jamais on ne colmatait qu’avec du vide, et qu’on pansait le monde avec ses failles ». Le grand ressort du baroque et de la mécanique de Leibniz est le ressort, qui « fait retour sur soi à côté (…) Et c’est ne pouvant rentrer en soi que ressort il ressort ». De même, l’eau est au repos « le serpent enroulé dans sa forme » et vive « encore le serpent, déroulé de sa forme ». C’est parce que le cheveu « fêle (…), fourche (…), ruine (…), sépare (…), abîme », qu’il « abonde » et « envahit tout ». Dans la chose « tous les atomes sont crochus », et entre les choses tout se tient par la main. Ou par le manche : « Si le manche est la partie saisissable de la pelle, la forme d’une chose est aussi la partie appréhensive de son tout. Et le manche sera toujours du bon côté du manche ». Les choses nous tendent la perche. « Telles sont les choses qu’on les voit ». Et qu’on les parle ? Plus qu’une manière, ressort d’un baroquisme ou fil à perles d’un gongorisme, la paronomase fait de la chose le trajet d’un mot à l’autre, et du mot une voie ouverte entre la chose et elle-même. Ainsi, l’arbre offre « en bout de verticalité la légère versatilité de ses feuilles ».(à suivre) »

 

 

et il met l’accent circonflexe de bâillon sur le i à la place du â ?

 

 

tu trouves que ça à dire, après un monument pareil ?

 

 

j’ai surtout Atahualpa qui me vient aux lèvres…

 

 

Atahualpa Yupanqui ?

 

exactement… le chanteur argentin mort en exil en France…

 

 

tu penses à quelle chanson ?

 

 

celle-ci, que j’ai d’ailleurs traduite moi-même :

 

 

« El Poeta (Le Poète)

 

 

Toi qui te crois si différent
Parce qu’on t’appelle poète
Et que ton monde est bien à part
Par-delà les étoiles


De tant la regarder la lune
Tu ne sais plus rien regarder
Te voilà devenu pareil au pauvre aveugle
Qui a perdu sa route
Et ne sait plus vers où marcher


Va-t’en voir les mineurs
Va voir ceux qui labourent les champs de blé
Va-t’en les voir et chante-les
Ceux qui s’arrachent la peau
Pour un quignon de pain


Toi le poète aux rimes fières
Va faire un tour dans la forêt
Et apprends donc un peu là-bas
Du bûcheron et de ses déboires


Va partager la vie du peuple
Va le regarder du dedans,
Va comprendre à quel point
Il te faudra devenir homme
Avant de prétendre à
Être un poète vraiment 
»

 

 

pas un peu maoïste comme vision ?

 

 

j’ai surtout peur que, s’ils l’appliquent au pied de la lettre…

 

 

qui ça, « ils »?

 

 

les zozos « monadologiques du « saule, ipsisme / même / de l’ici »…

 

 

ah oui d’accord ! Les zozos de l’antonomase…

 

 

oui, les zozos de la « corporéité prise dans son ellipse »…

 

 

qu’ils soient du cipM ou d’ailleurs…

 

 

de n’importe où !

 

 

mais les zozos…

 

 

oui, les zozos, s’ils allaient un peu prendre l’air…

 

 

s’ils rencontraient un vrai bûcheron…

 

 

s’ils parlaient avec lui, assis sur une souche, en buvant du vin…

 

 

ça pourrait avoir des conséquences graves…

 

 

critiques même pour la condition de bûcheron…

 

 

ça pourrait déclencher des grèves !

 

 

j’imagine trop bien le carnage : « bûcheron / coupe / arbre

 arbre est- bûcheron /////////                                                                            bûcheron-est-arbre

sous langue-arbre                                                                           sommeille-                        bûchero

n

vois-                                                                        le                                                             vois ce QUI

tombe en l’arbre /// en l’arbre a chu puis choit ce qui langue chie

                                                                                                         langue chie qui choit

taillis forêt arbres arbres arbres arbres arbres

sentiers sentiers sentiers sentiers sentiers sentiers sentiers sentiers sentiers sentiers sentiers sentiers sentiers

branche est bras dur

                                                 est bite                                                                                                dure

touffues feuilles vont

détachées choient

pourrissent

arbre chie feuilles /                     feuilles sont par l’arbre chiées

bûcheron toi coupes langue //////// langue de bûcheron est dans sa tronçonneuse

dans sa tronçonneuse-coupe

dans sa tronçonneuse-coupe-langue

langue-mère est bois

                                 langue-mère aboie///////////////////////////////////////////////////

père castre bois

au fond de                                                                                        langue-forêt-bois

tronçonneuse-coupe

langue-tord

début de chute

arbres dans feuilles tombées         puis                      coupe-coupe-coupe-coupe- et    le tronçonne              le mot             en bûches bûches bûches

bûcheron-langue //////// langue-bûcheron //////////////////////////////////// bûcherons-poils ///

barbe-sueur + semelles grasses de terre / de vie

                                                                                       de vi

                                                                                              dévie

bûcheron branle écorce phonème et bite (work in progress à suivre lors de la prochaine résidence en avril) »

 

 

bon, on fait quoi, maintenant qu’on a dit ça ?

 

 

j’en sais rien… ce que tu veux…

 

me vient une interrogation d’Antoine Volodine dans Lisbonne, dernière marge : « Le suicide peut-il sauver de la noyade ? »

 

 

on pourrait aussi vivre…

 

 

ouais, même on pourrait prendre la route !

 

 

ou rester là… mais on commence par jeter au Vieux-Port leur pulsion de mort !

 

 

on fout Coltrane ou Iggy Pop à fond la rage !

 

 

et très vite…

 

 

et sans eux…

 

 

on se jette sur nos feuilles !

 

 

 

ou sur la peau d’un yak !

 

 

ou sur le cuir tendu d’un ballon de basket…

 

 

un qui rebondit bien, de préférence…

 

 

et très vite, en furie, on écrit AUTRE CHOSE !

 

 

par exemple quoi ?