Les sons qui sortent – Bernard Deglet

Mise en ut

Le dernier mot de l’exécuté

Le dernier mot du condamné

Avait été d’uriner

Dans son pantalon

 

On dresse une guillotine sur la place de l’Aube

On dresse des statues au grand Trouduc

Le bronze en est déjà poreux

Concours ouvert pour l’inscription sur le socle

« Au grand Trouduc, les passants qui passent, reconnaissants »

 

Valérie : « tourne autour de moi, fais des ronds autour de moi en glouglouissant comme un paon, quand j’avance ».

Il tourne autour d’elle en glouglouissant tandis qu’elle avance.

Ses glouglouis ressemblent à des miaulements, à des bêlements, à des soupirs d’amortisseurs hydrauliques.

Les sons qui sortent de l’homme par la bouche ne sont pas des sons, ce sont l’homme.

 

Encore des jonctions par le cul. L’infirmier pantalons haletants. Bègue de la pine. La tête de l’infirmière à quatre pattes boum boum boum boum cou tordu contre la cloison de plâtre du local technique. Ah ah oh ah ah aho ahé. Fait des sons japonais pendant les jets de queue. Pensent qu’après ça tout ira mieux pour eux deux.

 

Valérie est aux anges. Elle avance vite, l’essoufflement de l’homme se mêle aux miaulements vagissements piaulements, il tourne autour d’elle qui avance en remuant les bras lentement comme des ailes d’un grand oiseau, et s’essouffle. Elle rit.

 

Mombril : tu trébuiches et te rattrapes à mon bras. Tu ne le lâches plus. Sein gauche et parfum capiteux contre mon bras droit, ton sein était poire à parfum. Valérie trébuiche et se rattrape à son bras. Une bouffée de son parfum s’échappe de ses cheveux, de son cou. C’est pour lui.

 

Vuvuzelas. On les a rassemblées là pour moi. Je fais des tours de piste. Je vais un peu plus vite que les autres, cela semble être apprécié. Des milliers d’êtres doués de bras et de sueur collent leur bouche à des vuvuzelas et soufflent dedans pour moi. Les sons qui sortent ne sont pas des sons de vuvuzelas. Ce sont des sons qui courent avec moi, qui sont moi qui court, qui ont simplement un peu besoin de moi pour courir sous les clameurs des spectateurs sans vuvuzelas qui crient leur nom en se levant et en sautant sur les gradins et en levant le bras droit quand ils passent la ligne en vainqueur.

 

Il la fourrage jusqu’à foutre. Il pointe. Il la homme. Tréssortir. Elle tête ses propres doigts. Il lève son sabord arrière et perce dans le capital. Il gagne petit à petit en profondeur et en sagesse.

 

D’abord il reste horsduc. Ils se rassemblent, deviennent ensemble. Il a fourré sa fusée dans son sabord. Il est Dieu. Foutre foutre bête en rut jets de queue. Ils s’accouplent dans tous les coins. Claquèlent des hémisphères. Clou du spectacle. Femme fendue au sommet de ma gloire. « Enfonçons d’autres Fanchons, à qui nous rejouerons la scène ». Giclons dans les chancrures, futurs rejetons par millions, vuvuzelas, entament leur tour de piste.

 

Encore des jonctions par le cul. La stagiaire à quatre pattes dans le local technique. L’infirmier pantalons haletant. La tête de l’infirmière à quatre pattes boum boum boum boum contre la cloison de plâtre du local technique. Ah ah oh ah ah aho ahé. Répète les coups de pine comme un bègue. Fait des sons japonais pendant les jets de queue. Pensent qu’après ça tout ira mieux pour eux deux.

 

Montée des escaliers au son des notes dérangées d’un piano qui les descend. Libraire de photographe à Leica. Les cordes du grand cadre de fonte vibrent. L’escalier. L’archet. Les roues du monstre de bois et de fonte, bien trop petites pour servir, suffisamment là pour emmerder le monde.

 

Passage devant l’hospice. Taloches données aux vieux. Aides-soignantes légères par ennui. De la cuisse. L’infirmier pantalons haletant. Le pyjama plein d’urine. Certains viennent de Reims, d’autres d’encore plus loin. Encore des jonctions par le cul. La stagiaire à quatre pattes dans le local technique. La tête de l’infirmière à quatre pattes boum boum boum boum contre la cloison de plâtre du local technique. Il la tire et la projette. Ah ah oh ah ah aho ahé. Fait des sons japonais. Après l’amour, se retrouve toujours avec un cheveu sur la langue.

 

Passage devant l’hospice. Taloches données aux vieux. Pyjamas plein d’urine. Les sons qui sortent.